Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

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Extrait pdf de l’ouvrage :
Annales islamologiques 53
2020 IFAO

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Recording Culture. Une figure égyptienne du XXe siècle : Halim El-Dabh, compositeur, collecteur et pionnier des musiques électroniques

Halim el-Dabh (1921-2017) est un collecteur et pionnier des musiques électroniques qui fait aujourd’hui l’objet d’une redécouverte par une nouvelle génération de musiciens égyptiens qui voient en lui un précurseur national. El‑Dabh proposa en effet dès 1944 l’une des premières compositions mondiales électroniques à partir de sons sélectionnés et transformés, à partir de son propre enregistrement effectué dans sa ville natale du Caire. Cette œuvre, avec d’autres du même genre, et le parcours de ce musicien éclectique à la fois compositeur et universitaire, éclaire d’un jour inédit la production et la restitution des savoirs anthropologiques. Ces ­savoirs ne sont pas tant élaborés à partir d’une « écriture des cultures » que dans l’acte et l’art de les enregistrer et de les restituer sous différentes formes, y compris artistiques. Ce texte s’intéresse à la jeunesse de Halim El‑Dabh pour restituer autant que possible son itinéraire dans un moment technologique et culturel égyptien, tout en le rapportant à des dynamiques plus globales. Car, à l’instar d’autres figures du XXe siècle, Halim El‑Dabh développe des articulations inédites entre collecte, recherche et création qui questionnent les dynamiques coloniales et néocoloniales de conservation et restitution des musiques, et plus largement de production des savoirs.

Halim el-Dabh (1921-2017) is a collector of “traditional” music and a pioneer of electronic music. He is currently being rediscovered by a new generation of Egyptian musicians who see him as a national precursor. In 1944, El-Dabh composed one of the earliest electronic compositions in history, based on selected and transformed sounds from his own recordings, made in his hometown of Cairo. Such works, and the career of this eclectic musician, both a composer and an academic, shed new light on the production and restitution of anthropological knowledge, which is not so much developed from the act of “writing cultures” as from that of recording and restoring them in different forms, including artistic ones. This text focuses on Halim El-Dabh’s youth in order to retrace his path in a technological and cultural moment of Egypt’s history, while relating it to more global dynamics. Like other 20th century figures, Halim El-Dabh developed new ways of linking collection, research and creation. The practices and itineraries of these figures question the colonial and neo-colonial dynamics of collecting, preserving and restoring music and, more broadly, the production of knowledge.