Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

Objets d’Égypte

Responsable scientifique : Sylvie Denoix (IFAO)

Coordonatrice scientifique principale : Maria Mossakowska-Gaubert (IFAO)

Autres coordinateurs scientifiques :

Collaborations

Ce projet collectif propose un renouvellement de l’écriture de l’histoire de l’Égypte sur la longue durée (ier-xve siècles), à partir des artefacts trouvés en fouilles.

Ce pays est, pour la période concernée, une des contrées les plus riches au monde en matière de documents écrits en diverses langues -papyrus, ostraca, inscriptions, actes de waqf-s (contrats de mainmorte…). Jusqu’à présent, ce sont ces textes qui ont été principalement pris en compte par les historiens. L’Égypte est aussi dotée d’une exceptionnelle richesse en termes d’artefacts (céramique, verre, textiles, métal, vannerie, ainsi que bois, os et ivoire travaillés). Ce sont eux qui permettent les datations archéologiques. Or, trop souvent, ces objets issus des fouilles, ont été considérés pour eux-mêmes, et de manière uniquement descriptive. L’idée est ici d’inverser la perspective et, par l’étude de ces objets, considérés comme un corpus, d’écrire une nouvelle page de l’histoire de l’Égypte. Les textes seront, quant à eux, exploités pour ce qu’ils peuvent apporter à l’étude de la culture matérielle.

Non seulement les textes sont, comme partout, les principales sources des historiens, mais, en outre, ces corpus ont conduit les savants à penser l’histoire de l’Egypte en fonction de grands ensembles politico-civilisationnels et de processus, paradigmes sous-tendant la représentation que l’on se fait de l’histoire de l’Egypte en termes de ruptures radicales : hellénisation, romanisation, christianisation, arabisation, islamisation. Si ce point de vue est légitime, il pourrait ne pas être le seul à l’être. Ainsi, l’étude de la culture matérielle grâce aux objets trouvés en fouilles et donc en contextes datés (contrairement aux objets hors contextes des collections), devrait nous donner une autre vision du passé de l’Égypte : les grandes ruptures chronologiques que sont les changements de dynasties, de langues, de religions ne seront pas forcément ceux affectant directement la vie quotidienne des Égyptiens.

Si les textes ne sont pas premiers dans notre recherche, ils seront néanmoins sollicités. D’une part dans une perspective lexicographique : ainsi les archéologues connaissent rarement les termes dont on désignait, aux époques qui leur furent contemporaines, les artefacts qu’ils mettent au jour. Et les papyrologues ne se représentent pas toujours la réalité des termes qu’ils déchiffrent. Une coopération entre les deux spécialités permettra de progresser dans la connaissance de la terminologie en grec, copte et arabe. Par ailleurs, en ce qui concerne la culture matérielle, l’organisation sociale du travail, les conditions socio-économiques de la production, l’histoire des techniques pré-modernes et les phénomènes d’acculturation, les corpus de textes seront pris en compte en parallèle avec l’étude des objets eux-mêmes.

Ce point de vue intellectuel est sous-tendu par une volonté de faire communiquer des milieux : les spécialistes d’un type d’artefact provenant d’époques ou de sites archéologiques variés ; les céramologues avec les spécialistes du verre, du textile, du métal… ; archéologues et historiens enfin. Des chercheurs de toutes ces disciplines et spécialités se sont réunis lors d’une table ronde de lancement du programme à Alexandrie en février 2008. Il s’agissait d’élaborer collectivement une grille d’analyse commune à tous, ce qui permettra de lancer des équipes travaillant de la même manière quel que soit le type d’artefact traité. Lors d’un premier colloque, fin 2009, les spécialistes du verre ou du textile entendront les synthèses des céramologues et inversement. Ce sera l’occasion de publier des histoires par type de corpus matériel : Histoire de la céramique égyptienne, Histoire des tissus d’Égypte…

Ces Histoires étant conçues selon le même modèle, les conditions de l’élaboration de synthèses sur des thématiques communes seront alors en place. Conditions de la production ; importations des modèles technologiques et iconographiques ; manières de faire, manières d’être ; histoire du goût… Autant de synthèses développées dans un deuxième colloque qui, édité, présentera une histoire de l’Égypte renouvelée.

Actions prévues : 1 journée de travail (Alexandrie, février 2008) – 2 colloques – une base de données lexicographique – des bases de données bibliographiques par type d’objets – une base sur les prix à l'époque romaine et l'Antiquité tardive – une série de publications sur les corpus des objets et des textes – une publication de synthèse sur l’histoire économique et sociale d’Égypte comprise par ces objets.