Provinces et empires: l'Égypte islamique dans le monde antique
mutations administratives, sociétés plurielles et mémoires concurrentes
Responsables: Roger Bagnall (ISAW, New-York Univ); Sobhi Bouderbala (maître assistant, Faculté de Tunis); Sylvie Denoix (historienne, chercheur associé IFAO - CNRS UMR 8167) ; Petra Sijpesteijn (Leiden University, LIAS) .
Collaborations: Alain Delattre (univ. libre de Bruxelles, EPHE); Audrey Dridi (doctorante, UMR 8167); Marie Legendre ( Postdoc LabexMed); Arietta Papaconstantinou (Reading Univ.); Mathieu Tillier (univ Paris IV, UMR 8167, laboratoire "Islam médiéval").
Institutions partenaires:
- Institute for the Study of the Ancient Word (ISAW), New-York University; Institute for Area Studies (LIAS)
- Leiden University
- CNRS-UMR 8167 Orient et Méditerrannée
- Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis
Les études sur l’Antiquité tardive et les débuts de l’Islam ont connu ces deux dernières décennies un renouveau spectaculaire. Nous sommes loin maintenant de la thèse d’Henri Pirenne postulant, avec l’arrivée de l’Islam, une rupture majeure dans le monde méditerranéen. Désormais, les chercheurs considèrent le passage de l’Égypte byzantine à la période arabo-musulmane dans le cadre non plus du paradigme "continuité versus rupture", mais dans l’analyse d’une nouvelle dynamique mettant en jeu les différents acteurs sociaux, quel que soit le milieu culturel et linguistique dont ils sont issus ou celui auquel ils appartiennent. Cet effort se poursuit essentiellement dans le cadre d’un renouveau de la papyrologie, où les arabisants travaillent de conserve avec les hellénistes et les coptisants.
Les problématiques de ce programme concernent tout d’abord le rôle de l’Égypte et sa riche documentation archéologique, papyrologique et littéraire dans l’écriture de ce « grand VIIᵉ siècle ». Ensuite, le rôle de la capitale égyptienne, Fusṭāṭ, est considéré dans les nouvelles configurations de l’espace et de l’économie égyptiens. L’histoire sociale reste, elle aussi, peu étudiée, et l’enjeu est ici d’appréhender une société égyptienne multilingue, multiculturelle et multiconfessionnelle. L’existence de milliers de documents en arabe, en copte et en grec offre un corpus sans équivalent pour l’étude de cette société. Les historiographies sont, comme partout, multiples, et les textes "concurrents", musulmans et coptes, doivent être pris en considération.
L’apport de l’archéologie dans ces domaines variés est de premier ordre : l’Ifao a été le promoteur de fouilles étroitement liées à la période étudiée : la capitale médiévale, Istabl ‘Antar-Fustat ; Tebtynis dans le Fayyoum ; le monastère de Baouît en Moyenne Égypte ou encore Edfou en Haute Égypte. Que ces sites aient eu une longue tradition gréco-romaine (Tebtynis et Edfou), qu'ils soient représentatifs du monachisme égyptien actif dès le Vᵉ siècle et continuent à fonctionner à l’époque islamique (comme Baouît), ou enfin qu'ils aient été fondés ex nihilo à la suite de la conquête arabe (Fusṭāṭ), tous sont des témoignages de la complexité politique, administrative sociale et culturelle de cette période charnière de l’histoire égyptienne. Ils ont livré une quantité importante d’artefacts et de documents qui commencent à être étudiés et à éclaircir des points capitaux de la culture matérielle de cette période.
Le programme développé par l’Ifao, s’il reste essentiellement égyptien, s’ouvre aussi aux autres régions ayant une étroite connexion avec l’Égypte. Dans ce cadre, la Syrie-Palestine représente un terrain d’étude privilégié pour l’historien, eu égard aux relations fortes qui unissaient les deux régions à l’époque byzantine, mais surtout à l’époque umayyade. De même, l’Afrique du Nord offre un cas d’étude intéressant. Si son histoire à la fin de l’époque byzantine est bien connue grâce aux fouilles archéologiques opérées sur les villes romaines, son histoire « islamique » reste encore à étudier, d'autant plus que le rattachement de l’Ifrîqiya à l’Égypte est très prononcé, notamment sur le plan administratif et social.
Actions réalisées:
L’Ifao, en partenariat avec l’Isap, l’université de Leyde, le Beyt al Hikma de Tunis, a organisé le Vᵉ Congrès de Papyrologie arabe à Tunis – Kairouan (27-31 mars).
Le programme s’articule autour de quatre grandes thématiques qui feront l’objet de quatre colloques internationaux (un par institution partenaire) qui seront publiés :
- 1. Fusṭāṭ et le contrôle des territoire : colloque international à l’Ifao, avril 2013.
- 2. Le multilinguisme : colloque international, Isaw, New York, juin 2014.
Actions prévues:
- 3. L’Égypte dans son monde: colloque international, Université de Leyde, 2015.
- 4. Mémoires concurrentes: colloque international, Paris, UMR 8167, 2016.
Provinces and empires: Islamic Egypt in the ancient world
Administrative changes, pluralist societies and competing memories
Supervisors: Roger Bagnall (ISAW, New-York Univ); Sobhi Bouderbala (lecturer, Univ. of Tunis); Sylvie Denoix (historian, associate researcher IFAO- CNRS UMR 8167) ; Petra Sijpesteijn (Leiden Univ.).
Collaborators: Alain Delattre (univ. libre de Bruxelles, EPHE); Audrey Dridi (PhD student, UMR 8167); Marie Legendre (Postdoc LabexMed); Arietta Papaconstantinou (Reading Univ.); Mathieu Tillier (univ Paris IV, UMR 8167, laboratoire "Islam médiéval").
Partner institutions:
- Institute for the Study of the Ancient Word (ISAW), New-York University ; Institute for Area Studies (LIAS)
- Leiden University
- CNRS-UMR 8167 Orient et Méditerrannée
- Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis
Studies in Late Antiquity and the beginnings of Islam have experienced a spectacular revival in the last couple of decades. We have moved far from the thesis of Henri Pirenne that posited the arrival of Islam as a moment of major rupture in the Mediterranean world. Nowadays, scholars no longer consider the shift from Byzantine Egypt into the Arabo-Muslim era within the frame of the paradigmatic "continuity versus rupture", but within the analysis of a new dynamic bringing into play the various social actors, whatever the cultural or linguistic milieu from which they have come or to which they belong. This endeavour has grown out of a new look at papyrology wherein Arabists are working together with Hellenists and Coptic specialist.
The themes of this programme concern first and foremost the role of Egypt and its rich archaeological, papyrological and literary documentation in the writing of this "great 7th century". Thereafter, the role of the capital, Fustat, is considered within the new configurations of Egyptian space and economy. Social history has also received scant attention and the task here is to understand an Egyptian society that is multilingual, multicultural and multi-confessional. The existence of thousands of documents in Arabic, Coptic and Greek provides an unequalled corpus for the examination of this society. The historiographies are, as everywhere, multiple and the "competing" texts, Muslim and Coptic, need to be taken into consideration.
Archaeological back-up in these varied fields is of the first order. The IFAO has conducted excavations closely linked to the period under study: the medieval capital of Istabl Antar-Fustat; Tebtunis in the Fayoum; the monastery of Bawit in Middle Egypt, and also Edfu in Upper Egypt. Whether these sites experienced a long Graeco-Roman tradition (Tebtunis and Edfu), whether they represent Egyptian monasticism, active from the 5th century and still functioning into the Islamic period (Bawit), or whether founded ex nihilio in the wake of the Arab conquest, all of them testify to the political, administrative, social and cultural complexity of this pivotal period in Egyptian history. They have provided an important quantity of artefacts and documents that are beginning to be studied and which shed light on key elements of the material culture of this era.
While the programme developed by the IFAO remains essentially Egyptian, it is also open to other regions that had a close connection to Egypt. In this regard, Syro-Palestine represents a an important field of study for the historian in view of the strong relations that united the two regions in the Byzantine and especially the Omayyad periods. In the same way, North Africa is an interesting case. While its history at the end of the Byzantine era is well known thanks to archaeological digs on Roman towns, its "Islamic" history still remains to be studied, and all the more so given the attachment of Ifriqiya to Egypt was very pronounced, notably in the administrative and social spheres.
The programme revolves around four major themes examined during four international conferences (one per partner institution) that will eventually be published:
Activities completed:
In partnership with l’Isap, l’université de Leyde Sobhi Bouderbala, Sylvie Denoix and Petra Sijpeisteijn organised the 5th Congress of Arab Papyrology in Tunis – Kairouan (27-31 March, 2012), with the support of the Beit al Hikma of Tunis, the National Museum of Kairouan and the IFAO.
The programme revolves around four major themes examined during four international conferences (one per partner institution) that will eventually be published:
- Fusṭāṭ et le contrôle des territoire at the IFAO, 9-11 April, 2013.
- Le multilinguisme: international conference in New York, Roger Bagnall, ISAW, 9-10 June, 2014.
Planned activities:
- L’Égypte dans son monde / Egypt in its world: international conference, Leiden, 2015.
- Mémoires concurrentes / Competing memories: international conference in Paris, 2016.