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Monnaie-Or
Monnaie en or de Nectanébo II. Au droit, cheval au cabré fléchi, au revers, les hiéroglyphes nwb nfr. Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Monnaies, Médailles et Antiques, cliché Th. Faucher.
Il y a plus d’un siècle déjà, l’apparition d’une monnaie unique avait excité le monde feutré de l’égyptologie, chose rare, les égyptologues étant peu portés sur la chose numismatique. La raison en était que cette monnaie porte des types bien particuliers. Sur une face apparaît un cheval, sur l’autre un collier, d’où pendent des perles, et que transperce une trachée qui se termine par un cœur. La première de ces monnaies fut découverte à Memphis au cours de l’été 1896. Le scepticisme a d’abord prévalu chez les numismates, alors que les égyptologues y voyaient un objet authentique, symbole parfait entre les croyances égyptiennes et l’arrivée en Égypte d’un nouvel outil d’échange, la monnaie.
Cette monnaie, issue de la collection du département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale de France, est une des 100 monnaies de ce type sorties de terre. L’information est fournie par les différents trésors mis au jour depuis l’apparition de la première monnaie. Dans un corpus rassemblé récemment [1], et un complément encore plus récent [2], il a été possible de décrire 48 monnaies conservées dans différents cabinets des médailles, musées et collections privées autour du monde. La rareté de ces monnaies fait écho à leur faible volume de production. Il ne faut donc pas surestimer l’importance historique et économique de cette série monétaire, même si ses types en font une émission à part dans le monnayage égyptien. La localisation de cet atelier pose problème, cependant la ville de Memphis semble être la candidate la plus sérieuse au vu de la proximité de la majorité des trouvailles.
Les hiéroglyphes nwb nfr signifient « or bon » ou « or parfait ». Pourtant, les différentes analyses sur ces monnaies ont prouvé que leur composition moyenne s’établissait autour de 93% d’or et 6% d’argent (1% de cuivre étant ajouté à l’alliage) loin de ce que l’on attendrait d’un « or parfait ». Il s’agit néanmoins d’une composition connue notamment pour des bijoux. Par contre, cette teneur est bien en dessous de celle des monnaies en or des Ptolémées, régulièrement composées de plus de 98% d’or. Des recherches restent à mener pour connaître la provenance de l’or utilisé pour frapper cette émission : or égyptien ou or étranger ?
Thomas Faucher, CNRS IRAMAT-CEB (UMR 5060), responsable du programme La monnaie égyptienne, phénomène d’acculturation
[1] Th. Faucher, W. Fischer-Bossert, S. Dhennin, « Les monnaies en or aux types hiéroglyphiques nwb nfr », BIFAO 112, 2012, p. 147-169 .
[2] Th. Faucher, les monnaies égyptiennes en or de Nectanébo II, BSFN, 70e année, n° 10, décembre 2015.Images précédentes:













































































