Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

La monnaie égyptienne, phénomène d’acculturation

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Mnaeion en or à l’effigie d’Arsinoé, une des «nouvelles» monnaies du papyrus de Zénon.
Mnaeion en or à l’effigie d’Arsinoé, une des «nouvelles» monnaies du papyrus de Zénon.

Responsable: Thomas Faucher (numismate, archéologue, IFAO).

Collaborations: Historiens: Olivier Picard (Institut de France); Bérangère Redon (IFAO); Gilles Gorre (univ. Rennes 2); Julien Olivier (univ. d’Orléans). Papyrologue démotisant: Michel Chauveau (EPHE).

Institutions partenaires:

La monnaie est apparue relativement tard en Égypte. Alors que le monde grec l’a déjà adoptée, il faut attendre le IVᵉ siècle pour voir les premières pièces circuler sur le sol égyptien. Des «chouettes» athéniennes, d’étalon attique, arrivent alors en nombre et sont thésaurisées comme en témoigne la découverte de trésors; on en trouve aussi mention dans les textes dont le plus ancien est inscrit sur un ostracon de la fin du Vᵉ siècle. Avec l’arrivée des Ptolémées, la monnaie a connu un succès fulgurant, qui se poursuit sous les autres dirigeants d’Égypte, Romains, Byzantins et Arabes. Si les foyers de monétarisation se bornent souvent, dans un premier temps, aux régions hellénisées, par la suite, le pragmatisme économique l’emporte; on voit même les dirigeants arabes utiliser les monnaies des Byzantins, leurs prédécesseurs.

P.Cairo.Zenon.I.59021 relatant l’échange des anciennes pièces contre les nouvelles (23 oct. 258 av. J.-C.).
P.Cairo.Zenon.I.59021 relatant l’échange des anciennes pièces contre les nouvelles (23 oct. 258 av. J.-C.).

Les historiens peuvent avoir accès aux réalités passées, soit en étudiant les pièces sonnantes et trébuchantes, que les chercheurs ont tenté, parfois difficilement, de classer en séries successives, soit à travers les textes. La monnaie apparaît en effet dans des comptes, des reçus, des contrats, des narrations (rapports, fictions, récits de voyage) inscrits sur des supports divers (ostraca, papyrus, etc.). L’objectif du programme est de faire se rencontrer et travailler ensemble les spécialistes afin de déterminer les causes et les conséquences de l’apparition et de l’utilisation de la monnaie sur les plans économique et social. On peut se demander, par exemple, quelle idée un Égyptien, pour lequel il s'agissait d'un nouvel outil, se faisait de la réalité du monnayage. Quelle perception en a-t-on dans les textes et a-t-on des informations sur l’usage même qu’on faisait de ces pièces? Peut-on définir quelles formes prenait l’emploi de la monnaie au quotidien (paiement des petites sommes, des taxes, des contrats) et quelles en ont été les incidences sur le fonctionnement du pays.

Les périodes de transition entre les différents pouvoirs sont des moments privilégiés pour étudier l’économie monétaire. Les nouveaux venus ont-ils adopté les usages monétaires de leurs prédécesseurs? Il est habituel de dire que les autorités ont souvent fait preuve de pragmatisme, mais quelle forme revêt celui-ci? Quelles implications cela a-t-il eu pour l’État? Et, au-delà de ces questions, quelle est la part de la propagande dans l’émission d’un monnayage?

Des rencontres seront organisées entre numismates et papyrologues. Elles offriront une chance de renouveler nos connaissances en matière d’économie monétaire et d’établir, sur le long terme, s’il y a eu, ou non, une exception égyptienne.

Actions et publications prévues

Ce programme est l’occasion de compléter les études sur le monnayage égyptien, en particulier en incrémentant une base de données déjà existante sur les monnaies trouvées dans le pays, qu’elles aient été découvertes en fouilles ou bien qu’elles soient conservées dans les différents musées égyptiens. L’étude passe aussi par la publication de trésors monétaires inédits, pour la plupart mis au jour en Égypte, de l’époque ptolémaïque à l’époque arabe.

Un nombre important de chercheurs travaillant sur le sujet de l’économie monétaire en Égypte, il convient de les réunir. Dans un premier temps, il s’agira, dès 2012, de rassembler des spécialistes de la période de transition entre l’époque byzantine et l’époque arabe, notamment pour s’interroger sur le pragmatisme économique en période de changement politique. Dans un deuxième temps, en 2014 ou 2015, un colloque réunira numismates et spécialistes de l’étude des textes économiques de la période grecque à l'époque arabe, pour mettre en lumière la spécificité de l’économie monétaire égyptienne et la replacer dans son contexte méditerranéen.

Publications prévues:

Bibliographie sélective

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Egyptian money, a case of acculturation

A gold mnaeion with the head of Arsinoe, one of the new coins of the Zenon Papyrus.
A gold mnaeion with the head of Arsinoe, one of the new coins of the Zenon Papyrus.

Supervisor: Thomas Faucher (numismatist, archaeologist, IFAO).

Collaborators: Historians: Olivier Picard (Institut de France); Bérangère Redon (IFAO); Gilles Gorre (Univ. Rennes 2); Julien Olivier (Univ. d’Orléans). Specialist in demotic papyrology: Michel Chauveau (EPHE).

Partner institutions:

Money appeared relatively late in Egypt. While the Greek world had long since adopted it, it would take until the 4th century before the first coins came into circulation in Egypt. Athenian "owls", the Attic standard, began arriving in large numbers and were hoarded, as has been shown by the discovery of several caches. There is also mention of these coins in certain texts, the oldest of which was inscribed on an ostracon from the end of the 5th century. With the arrival of the Ptolemies, money experienced an immediate success, which continued under the other rulers of Egypt, Roman, Byzantine and Arab. While the centres of monetisation were often initially limited to Hellenised regions, thereafter, economic pragmatism took over. There is even evidence that Arab rulers used the coins of their Byzantine predecessors.

P.Cairo.Zenon.I.59021 telling of the exchange of old coins for new (23 Oct, 258 BC).
P.Cairo.Zenon.I.59021 telling of the exchange of old coins for new (23 Oct, 258 BC).

The historian can gain access to past realities either by studying the hard cash itself, which researchers have attempted, sometimes with difficulty, to classify into successive series, or through the texts. Money appears in accounts, receipts, contracts, and narratives (reports, fiction, travelogues) that were inscribed upon different supports (ostraca, papyrus etc.). The objective of the programme is that specialists meet and work together in order to determine the causes and consequences of the appearance and the use of money on the economic and social level. One might ask, for example, how an Egyptian, for whom money was a novel tool, understood the idea of minting. What notion of this is in the texts and what information is there on the use to which these coins were put? Can we define how money was employed in daily life (payment of small sums, of taxes, of contracts) and what were the effects on the functioning of the country?

Transition periods between the different powers are pivotal moments for studying the monetary economy. Do the new arrivals adopt the monetary practices of their predecessors? It is usually said that the authorities often exhibit pragmatism, but what form does this take? What implications does this have for the State? And beyond these questions, what part does propaganda play in the emission of a currency?

Meetings between numismatists and papyrologists will be organised. These will provide the opportunity to up-date our knowledge regarding the monetary economy and to establish, over the longer term, whether there was or was not an Egyptian exception.

Planned activities and publications

This programme will provide the opportunity to add to our studies of Egyptian monies, in particular by expanding the already existing database of coins found in Egypt, whether discovered in excavations or held in different Egyptian museums. The study will also include the publication of unpublished coin hordes that were in the majority unearthed in Egypt from the Ptolemaic and Arab periods.

There are a serious number of researchers working on the subject of the monetary economy in Egypt and it is worthwhile bringing them together. In the first instance, from 2012, the intention is to gather specialists of the transition period between the Byzantine and Arab eras in order to look at, in particular, economic pragmatism during a period of political change. As a second phase, in 2014 or 2015, a conference will gather numismatists and specialists in the study of economic texts from the Greek to the Arab periods in order to shed light on the specific character of the Egyptian monetary economy and to set it in its Mediterranean context.

Proposed publications:

Selected bibliograph