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d’archéologie orientale du Caire

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Peuplements et brassages du monde hellénistique : les Thraces en Égypte ptolémaïque


lien IdRef Dan Dana (CNRS HISOMA, UMR 5189)

lien IdRef Dan Danahistorien romaniste, chargé de rechercheCNRS HISOMA, UMR 5189
lien IdRef Csaba La’daégyptologue, maître de conférencesSchool of European Culture and Languages, University of Kent, Canterbury (Royaume-Uni)

La publication envisagée se propose d’étudier de manière exhaustive le destin de certaines communautés militaires établies dans l’Égypte lagide, dans le contexte plus large du monde hellénistique, avec ses processus de peuplement, hellénisation et restructurations.

Sous Alexandre le Grand, les Diadoques et d’autres rois hellénistiques, des groupes considérables de Thraces furent entraînés sur des larges espaces dans la partie orientale de la Méditerranée, au point qu’ils soient, à l’instar des Juifs, les plus à même d’illustrer les dynamiques à l’œuvre dans le monde hellénistique.

À l’intérieur des communautés militaires, la plupart des Thraces attestés par les papyrus sont en service dans l’armée régulière ptolémaïque, en premier lieu les clérouques, détenteurs de grandes parcelles de terre en usufruit, implantés avec leurs familles dans les nomes égyptiens, en particulier en Moyenne-Égypte ; leur statut privilégié explique leur visibilité dans les sources conservées.

Les apports effectifs escomptés de la réalisation d’une prosopographie finale accompagnée d’une synthèse historique sont : des inédits à ajouter à la prosopographie ; des vérifications sur les papyrus et les inscriptions (Institut de Papyrologie de Paris, Caire, Alexandrie) out en faisant appel aux collègues étrangers ; la critique des visions datées (dont le nationalisme et le colonialisme), des mauvaises lectures et des exagérations qui ont depuis toujours alimenté ce domaine de recherche.

Les enjeux de la future publication, en plus de l’exigence d’exhaustivité, est de permettre, grâce aux données inédites (en particulier démotiques) et à l’exploitation des données, un changement de perspective sur ces Thraces affublés dans l’historiographie du terme péjorative de « mercenaires » alors qu’ils servent en majorité dans des unités de l’armée régulière et qu’ils constituent des communautés (principalement) militaires solidement implantées dans l’arrière-pays égyptien. À une échelle plus ambitieuse, il permettra une réévaluation du phénomène de l’hellénisation par le biais de communautés non grecques ; en effet, l’étude des Thraces en Égypte ptolémaïque n’est pas seulement un sujet intéressant per se, mais davantage encore pour une meilleure compréhension des mutations du monde hellénistique, à condition de dépasser les préjugés et d’associer des compétences entre les partenaires européens. Cette étude de l’une des plus nombreuses communautés de l’Égypte lagide, et pourtant la moins étudiée, pourra rendre service aux papyrologues et aux antiquisants pour les futures éditions ou l’étude d’autres groupes ethno-culturels du monde hellénistique.

Ce sujet a bénéficié d’une attention inégale. On peut ainsi citer l’ouvrage déjà ancien de M. Launey, Recherches sur les armées hellénistiques, I-II, Paris, 1949-1950 ; en particulier le livre de V. Velkov, A. Fol, Les Thraces en Égypte ptolémaïque, Sofia, 1977, déjà dépassé à son époque (à la fois des omissions et des exagérations), avec les observations très critiques de J. Bingen, « Les Thraces en Égypte ptolémaïque », Pulpudeva, 4, 1983, pp. 72-79 (= « The Thracians in Ptolemaic Egypt », dans Hellenistic Egypt. Monarchy, Society, Economy, Culture, Edimbourg, 2007, pp. 83-93) ; des analyses partielles des militaires d’origine thrace existent dans les publications plus récentes. Ce sujet mérite d’être repris en totalité, par une révision critique de la documentation publiée, dans le sens d’une histoire sociale.