Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

Opérations scientifiques en cours

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17331

P.Ifao.Oxy

Cette opération est achevée.

Études archéométriques des P.Ifao.oxy


lien IdRef Ruey-Lin ChangpapyrologueNational Taiwan University, Department of History

Parmi les papyrus conservés à l’Ifao, se trouve une collection de pièces majoritairement grecques, provenant d’Oxyrhynchos et réparties auparavant dans 8 petites boîtes. On ignore tout de leur histoire d’acquisition, mais à en juger par l’état de conservation originel de ces pièces tel qu’elles furent exhumées du site, écrasées et boueuses, il pourrait s’agir d’un don de B.P. Grenfell et d’A.S. Hunt quand ils opéraient à al-Bahnasa au tournant du 20e s. Après un examen initial par Jean Gascou et Jean-Luc Fournet, Ruey-Lin Chang en a assuré la restauration, la numérisation et l’inventaire complets. Au total 835 fragments ont été inventoriés, sous la dénomination P.Ifao oxy.
Les textes ainsi récupérés sont souvent fort délabrés et nécessitent des travaux éditoriaux ardus. E contrario, constitution matérielle particulière des P.Ifao oxy. – qui complique pourtant la lecture – se prêtent bien à l’archéométrie. Prenant nos papyrus comme un réservoir d’échantillons, l’archéométrie contribuera à mieux saisir les caractères physiques et chimiques du papyrus inscrit, à améliorer sa lisibilité et à élaborer, dans le futur, un protocole de conservation approprié. La petite taille de nos fragments facilitera leur transport ainsi que d’autres opérations. Leur mauvais état de conservation suscite en réalité une multitude de questions sur l’encre et sur les fibres. Les défauts physiques des P.Ifao oxy. deviennent précisément un atout pour les analyses non- / micro-destructives proposées ci-dessous.
Pour l’encre, une étude de la composition élémentaire et par couche est envisagée. La cartographie élémentaire sera réalisée par analyseur portable de fluorescence X (XRF) ; les identifications de groupes de fonction seront obtenues à la fois par spectroscopie Raman et infrarouge (FTIR) portable. Le but est de repérer, pour une provenance unique, des indications sur l’évolution de la composition de l’encre au cours des siècles, à l’aide des indices paléographiques renseignés par les papyrologues. L’analyse de couches s’appuiera sur la RTI (Reflectance transformation imaging) et sur la documentation multispectrale, afin de détecter les couches d’encre résultant du remploi palimpseste ou des corrections scripturales, ainsi que des micro-fissures dans l’encre. Les lumières IR et UV et l’éclairage rasant seront également employés pour la documentation multispectrale. Une méthode pour repositionner et regrouper les traces d’encre selon les couches sera établie pour améliorer la lisibilité. D’autre part, le degré de fixation de l’encre au support et de la stabilité de l’encre sera ainsi déterminé et guidera le choix des consolidants en vue d’une restauration.
Pour les fibres, l’étude de cellulose permettra d’abord de caractériser les contaminants venant du sol et de cerner une signature tellurienne oxyrhynchite, avec la spectroscopie Raman, la FTIR et la diffraction des rayons X (XRD). Le degré de résistance du support pourrait être calculé à partir du taux de cristallinité dans la structure cellulosique, afin de préciser l’état de détérioration et d’établir une statistique pour les échantillons sélectionnés. En prenant comme référence la datation paléographique, on pourra vérifier si la cartographie de dégradation présente un schéma correspondant. On pourrait ainsi espérer faire de l’index de cristallinité un outil de datation auxilliaire.