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Tête féminine à coiffure
Tête féminine à coiffure
Médamoud, situé à une dizaine de kilomètres au nord de Karnak, est surtout connu pour son temple dédié au dieu thébain Montou. Ce dernier ne représente, toutefois, qu’une partie du site antique et était entouré par une ville qui n’avait jusqu’à récemment jamais été explorée. C’est pourquoi la mission Ifao de Médamoud a développé un programme depuis 2015 pour étudier les secteurs urbains et comprendre les productions artisanales qu’ils abritaient. En effet, le site présente une richesse exceptionnelle en termes de matériel céramique avec de nombreux déchets de production visibles en surface, témoignant de l’importance de la production locale.
Les fouilles de ces dernières années ont confirmé ces premiers indices et permettent désormais de considérer que Médamoud était un des grands centres de fabrication de céramiques en fonctionnement entre la fin du IIe millénaire avant notre ère et l’époque ptolémaïque. À ce jour cinq zones d’ateliers ont été mis au jour avec plusieurs fours à céramiques. Ces derniers, bâtis en briques crues à l’origine, sont divisés en deux parties par une sole : la plus basse correspond à la chambre de chauffe ; la partie supérieure servait de chambre de cuisson pour la céramique, appelée plus communément « laboratoire ». Or, un des intérêts de la documentation de Médamoud est la bonne préservation des vestiges, particulièrement pour les laboratoires, dont certains ont plus d’un mètre d’élévation. Leur importante diachronie (Nouvel Empire - époque ptolémaïque) alimentera plusieurs axes de recherches sur le long terme. Tout d’abord, le site permettra de mieux comprendre l’histoire de l’artisanat égyptien et l’évolution de ses techniques en ce qui concerne la céramique. Ensuite, du point de vue de l’histoire urbaine, la localisation des ateliers et leur insertion dans le tissu urbain devra être étudiée pour en appréhender les interactions. Enfin, en changeant d’échelle, le site devra être inclus dans une réflexion régionale autour des échanges économiques. Il faudra ainsi étudier la diffusion de la production grâce à un échantillonnage régional pour confirmer comment les productions de Médamoud ont alimenté les grands sites thébains (Karnak, Louqsor, temples funéraires, tombes…).
Pour produire de la poterie, il est nécessaire d'obtenir de l'argile et de la traiter en ajoutant des dégraissants pour améliorer ses propriétés de travail. Les égyptologues reconnaissent deux grands types d'argile, celles provenant des dépôts du Nil et les argiles marneuses calcaires obtenues en bordure désertique et dans les ouadis. La production de Médamoud, quant à elle, se caractérise par sa spécialisation exclusive dans les pâtes calcaires.
La petite tête féminine, mesurant 6,4 x 5,5 cm, fut découverte à proximité d’un four daté du tout début de la XVIIIe dynastie, où elle fut probablement fabriquée. Le modelage à la main du visage et des yeux permet de différencier cet exemplaire des modèles d’époques ultérieures où le décor était moulé. Elle illustre la production de céramiques décorées sur le site, une autre de ses caractéristiques.
Image : © Z. Barahona Mendieta.
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