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Le « tableau de l’oracle » à Médamoud
Le village moderne de Médamoud est implanté sur le kôm de l’antique Mȝdw, la ville la plus septentrionale du dieu Montou avec Ermant, Tod et Karnak-nord. De nos jours, sont encore visibles les ruines d’un temple ptolémaïque et romain dédié à ce dieu, patron de la Thébaïde. Il fut édifié par les Lagides, en modifiant un sanctuaire remontant aux Moyen et Nouvel Empires, par la suite embelli sous les empereurs romains. Or les textes inscrits sur ses parois livrent un exposé de la théologie du lieu, suivant le développement notoire des théologies thébaines tardives. En 1926 É. Drioton, lors du dégagement de cet édifice, en offrit la première édition, dépourvue de translittération et de commentaire grammatical.
C’est pourquoi la mission Médamoud (Ifao / Sorbonne université) a décidé de lancer une réédition de la totalité des textes du temple, qui sera réalisée par L. Medini et F. Relats Montserrat, ainsi que ceux de la porte de Tibère par D. Valbelle. Parmi les scènes conservées, le « tableau de l’oracle » -pour reprendre la terminologie d’É. Drioton- constitue une des plus célèbres. La scène est gravée sur un saillant qui se détache du mur péribole sud du temple. Elle mesure 2,86 m de longueur et est encadrée par trois colonnes de textes gravées de chaque côté, formant un chambranle autour d’un relief levé. La scène représente un souverain, vêtu d’un pagne cérémoniel, se tenant debout devant l’image d’un taureau qui repose sur un socle surmonté d’une corniche à gorge. L’animal porte sur les cornes un disque solaire décoré de deux uræi. Devant l’animal est figuré un autel, décoré avec des fleurs de lotus nouées, sur lequel se trouve une botte de fourrage. Cette scène a été, pendant longtemps, interprétée comme le déroulé d’une consultation oraculaire livrée par un taureau vivant qui aurait séjourné dans le temple. Cependant, dans la mesure où l’animal est représenté sur un podium il s’agit plus vraisemblablement d’une statue cultuelle. Par ailleurs, nulle trace d’animaux ayant séjourné dans le temple de Médamoud n’a été retrouvée jusqu’à présent. La traduction du texte, débarrassée de son interprétation initiale, se rapproche des reliefs cultuels aux chevets des temples tardifs. Leur rôle était de donner un accès à une image divine aux fidèles qui ne pouvaient pas pénétrer dans le temple. Nous touchons ici à un aspect concret de la religion égyptienne fondé sur les interactions entre les théologies pensées par les prêtres et le besoin des gens du commun d’avoir accès au sacré.
Pour un commentaire complet de cette scène, se rapporter désormais à l’article de F. Relats Montserrat et L. Medini dans le BIFAO 118.
Plus d'informations sur les recherches de la mission Ifao de Médamoud...
Felix Relats-Montserrat