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Stèle Kom Abou Billou
Stèle funéraire découverte à Kôm Abou Billou (mission novembre 2014).
Elle est incluse dans la maçonnerie de la tombe n°21
© Th. Nicq / Halma-Ipel
Depuis 2012, l’Ifao, en collaboration avec l’université de Lille 3, a entrepris des travaux archéologiques sur le site de Térénouthis / Kom Abou Billou (Delta occidental), bénéficiant d’un financement de la Région Nord Pas de Calais. Les premières campagnes ont donné lieu à un relevé et à une prospection générale du site, dans le but d’amorcer l’étude de son urbanisme. La campagne de novembre 2014 a permis de commencer les premières fouilles archéologiques, notamment dans un secteur de la nécropole romaine menacé de destruction et dans l’enceinte du temple, redécouverte en 2013.
La stèle trouvée en place lors de la campagne de novembre 2014 permet de documenter pour la première fois un ensemble funéraire sur le site. Plusieurs secteurs de la nécropole ont été fouillés anciennement (1935 puis dans les années 60-70) mais peu d’ensembles funéraires ont été publiés. La stèle représente deux défunts, figurés dans les deux positions les plus courantes sur les stèles de Kôm Abou Billou. À gauche, un homme se tient debout, les bras levés, dans la position que l'on qualifie « d'orant » et qui renvoie vraisemblablement à l'héroïsation du défunt. Il surplombe trois lignes préparées pour recevoir une inscription, soulignées de peinture rouge, mais qui n’ont jamais été gravées. À droite, une femme est allongée sur une klinè (lit grec) dont seul le matelas a été sculpté. Vêtue à la romaine, elle porte un pain dans la main gauche et soulève une coupe de la main droite. La représentation du « banquet couché » est très fréquente à Kôm Abou Billou, à l’inverse des autres nécropoles romaines d’Égypte. L’origine de ce motif est à rechercher dans le reste du monde gréco-romain : il a surtout été utilisé en Grèce, en Macédoine ou au Proche-Orient.
Dans la nécropole de Térénouthis, les tombes comportaient fréquemment une stèle funéraire en façade, incluse dans la maçonnerie de briques crues. Les bords n’étaient pas visibles et il n’était donc pas nécessaire de leur donner des formes régulières. Elles avaient vocation à identifier les défunts et, lorsqu’elles sont inscrites, elles précisent leur nom, leur âge et la date de leur mort. Ces stèles fonctionnaient en association avec des tables d’offrande, situées devant la tombe, à l’aplomb des stèles funéraires. L’on y pratiquait les rites funéraires, qui consistaient à déposer des offrandes, faire des libations et des encensements.
Sylvain Dhennin