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Manuscrit Copte
Feuillet du manuscrit "Ifao Copte 2" (Canon 8 de Chénouté), conservé dans les archives scientifiques de l'Institut français d'archéologie orientale. Cliché Ibrahim Mohammad (© Ifao).
Le manuscrit "Ifao Copte 2", qui contient des sermons de discipline monastique dus à Chénouté, supérieur du monastère Blanc au IVe-Ve siècles (publication A. Boud’hors, Le Canon 8 de Chénouté, Le Caire, Bibliothèque d’études coptes 21, 2013), est l'un des mieux conservés en provenance de ce monastère. Il a pu être copié au VIIIe siècle, comme en témoignent notamment la sobriété et la régularité de son écriture. Il présente néanmoins quelques anomalies, parmi lesquelles la présence de quatre pages écrites par un autre copiste, à l’écriture moins austère.
Une de ces pages (Ifao Copte 2, f. 71v° = p. 206 du manuscrit) porte aussi un dessin tracé à l’encre noire dans la marge externe : une coupe remplie de fruits que picorent deux oiseaux affrontés. Ce type de dessin apparaît souvent dans les manuscrits coptes à partir du IXe siècle, en décoration de lettres initiales, mais sous cette forme élaborée, il est plutôt utilisé comme cul-de-lampe, c’est-à-dire comme marque de fin d’un texte ou d’un livre (voir J. Leroy, Les manuscrits coptes et coptes-arabes illustrés, Paris 1974, pl. 8). On en trouve un bel exemple dans un autre manuscrit des œuvres de Chénouté conservé à l’Ifao (Ifao Copte 1).
Par qui le dessin a-t-il été fait et pourquoi ? Rien dans le contenu du texte ne justifie apparemment sa présence. La queue de l’oiseau de gauche semble se poser sur la première lettre d’une ligne, mais la base du vase ne repose pas sur la lettre initiale quelques lignes plus bas. L’encre paraît moins noire que celle du texte. Il est bien possible que le dessin soit antérieur au texte. Le copiste remplaçant a commencé son travail en haut de cette page : souhaitait-il signaler le changement de main, ou exercer son calame ?