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Uraeus Chapelle NebDjefaou Karnak
Divinité ophidienne à tête de lionne crachant du feu, dont le nom est « Celle à la face aiguisée, maîtresse du deuil ». Façade du naos de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou à Karnak (XXVIe dyn., VIe S. av. J.-C.). (© Cliché G. Bancel/CFEETK).
Ce cobra à tête de lionne fait partie d'un collège de quatre serpents-uræi préposés à la protection du fétiche abydénien, emblème osirien conçu, au moins à la Basse Époque, comme le reliquaire contenant la tête du dieu des morts. Ces quatre divinités farouches, qui sont attestées également dans le temple d'Hibis, sur les fragments d'une autre chapelle osirienne retrouvés à Médamoud lors des fouilles de l'IFAO et sur une stèle saïte provenant d'Abydos conservée au British Museum (BM 808), étaient censées écarter les agresseurs potentiels d'Osiris par le feu de leur venin. À Karnak, le visage léonin de ces serpents souligne leur lien avec la déesse quadrifrons, Temet-Hathor / Sekhmet, à la fois uraeus, oeil de Rê et lionne, qui assure la défense du dieu Rê ou d'Osiris aux quatre points cardinaux.
L'étude en cours de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-Djefaou, sous l'égide de l'IFAO, du CFEETK et du CSA, a permis de mettre en évidence la manière dont ont été importés les raffinements de la théologie d'Abydos dans le secteur nord de Karnak à l'époque saïte, poursuivant par là une longue tradition d'échanges entre Thèbes et la métropole ancestrale du dieu Osiris. La chapelle est ainsi dédiée à la forme d'Osiris Ounnefer Neb Djefaou (« maître des aliments ») qui renvoie à la mythologie du « château des aliments » (hout djefaou), que célèbrent les textes de la « Maison de Vie » d'Abydos et où les émanations d'Osiris rendaient fertiles les terres et apportaient l'abondance aux hommes.
Pour en savoir plus, voir la page consacrée aux travaux de l'IFAO à Karnak.
Laurent Coulon (CNRS - Hisoma/UMR 5189 - Lyon).