Une image, un commentaire…
Graffito à Hatnoub
Relevé des inscriptions peintes de Hatnoub à l’aide de DStretch.
Graffito 2: photo couleur brute (© IFAO - G. Pollin) - photo noir et blanc après traitement dans DStretch Déplacer le curseur pour visualiser la différence entre les deux images
La « Carrière P » de Hatnoub (Moyenne Égypte), d’où était extrait le travertin égyptien au IIIe millénaire, est littéralement couverte d’inscriptions, qui avaient été publiées par R. Anthes en 1928 (Die Felseninschriften von Hatnub, Untersuchungen zur Geschichte und Altertumskunde Ägyptens, UGAÄ 9). Ces textes hiéroglyphiques ou hiératiques, gravées ou peints en rouge, relatent des expéditions royales ou privées conduites dans la carrière principalement durant l’Ancien Empire et de la Première Période intermédiaire (voir Les inscriptions rupestres de Hatnoub). La mission, menée conjointement par l'IFAO et l'université de Liverpool depuis 2012 dans la « Carrière P », a pour but de republier ces inscriptions et de les cartographier. En dépit de leur mauvais état de conservation, les inscriptions gravées ont pu être copiées sur film plastique transparent PET. Une telle opération est en revanche impossible pour les textes peints, tant la nature des parois est irrégulière, l’effacement de l’encre prononcé et la concentration de certaines inscriptions très importante par endroits. Ces obstacles nous ont donc contraints à faire des relevés d’après photographies. Mais encore fallait-il disposer d’un outil susceptible de révéler l’encre partiellement effacée. Tous les textes étant rédigés à l’encre rouge, il nous était impossible de recourir à la photographie par infra-rouges (voir Une nouvelle technique : la photographie numérique infrarouge).
Cela nous a donc conduit à chercher d’autres méthodes pour parvenir à des résultats satisfaisants. Notre choix s’est finalement porté sur DStretch, un plugin développé par Jon Harman pour le logiciel ImageJ. Ce plugin qui utilise différents algorithmes permet de mettre en évidence les couleurs qui sont partiellement effacées ou invisibles à l’œil nu. Les premiers résultats ont été saisissants, puisque grâce à ce procédé nous sommes en mesure de corriger et/ou de compléter la majeure partie des inscriptions déjà publiées et nous avons pu identifier une soixantaine de nouvelles inscriptions. Le « Graffito 2 », tel qu’il apparaît dans l’ouvrage de R. Anthes, se présente comme un rectangle de texte hiéroglyphique et hiératique dont le contenu semble n’être qu’une liste de personnages précédée du protocole royal de Téti (VIe dynastie). La photographie couleur montre que l’apparence réelle de l’inscription publiée par R. Anthes (cadre rouge) n’est pas si régulière. De plus, ce même cliché passé dans DStretch révèle que l’inscription est en réalité deux fois plus grande (cadre bleu) et l’examen préliminaire du texte indique qu’il s’agit d’un rapport d’expédition.
Yannis Gourdon