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Bloc ramesside à Kôm el-Nogous - Plinthine
Bloc de grès inscrit au nom d’Amon-Rê (PO 245). Cliché © G. Pollin, Ifao
Le site de Kôm el-Nogous, qui serait la Plinthinè des sources grecques, est situé à 42 km à l’ouest de l’Alexandrie, sur la crête rocheuse qui sépare le lac Maréotis de la mer. Les dimensions imposantes du kôm qui domine une ville implantée jadis de la crête jusqu’à la rive du lac Maréotis, sa forme singulière en fer-à-cheval et sa localisation au sommet de la ténia ont, depuis longtemps, attiré l’attention des voyageurs qui ont exploré la Maréotide, sans que sa nature ait jamais été élucidée. Les travaux de la Mission française de Taposiris Magna-Plinthine, débutés en 2012 sous la direction de M.-Fr. Boussac, ont permis de revoir la chronologie du site et de son occupation, et au-delà, celle de la rive nord du lac Maréotis. Loin d’avoir été fondé à l’époque ptolémaïque, comme on le pensait jusqu’à présent, le site de Kôm el-Nougous est en réalité beaucoup plus ancien.
Le bloc de grès présenté ici, fragmentaire, porte un texte hiéroglyphique gravé dans le creux portant un texte d’offrande : Une offrande faite par le roi à Amon-Rê roi des dieux […]. Il a été découvert en avril 2016 remployé dans le caisson de fondation d’un bâtiment monumental gréco-romain mis au jour au centre du kôm (secteur 7). Trouvé avec d’autres blocs inscrits ou décorés ayant vraisemblablement appartenu au même bâtiment d’origine, il date de l’époque ramesside, selon les critères stylistiques de l’ensemble des blocs trouvés. Ces documents viennent s’ajouter à plusieurs trouvailles remontant au Nouvel Empire (anse timbrée au cartouche de Mérytaton, stèle de Séthi II), effectuées lors de la prospection de surface du site ou en remploi dans des maçonneries plus tardives. Ils indiquent une occupation du site dès le Nouvel Empire, dont on ne connaît pas encore l’extension, mais qui semble importante si l’on considère la répartition et le type des découvertes. Les fouilles des prochaines années devraient permettre de cerner mieux la nature de l’occupation ancienne du site, puisque les premiers niveaux de la fin de l’époque ramesside en place ont été atteints à la fin de la campagne 2016, dans le secteur 7.
Les travaux de la mission ont par ailleurs mis en évidence une occupation saïto-perse très dense, qui occupe la majeure partie des pentes du kôm. L’importance du site est encore certaine à l’époque gréco-romaine, comme l’indiquent les riches habitats se développant dans la partie nord-est de la ville, le large mur courant sur la crête du kôm et le bâtiment monumental, dont la fonction n’est pas encore identifiée, mis au jour dans la partie centrale de celui-ci.
Marie-Françoise Boussac, professeur à l’université de Paris Ouest-Nanterre, directrice de la MFTMP, Sylvain Dhennin, chargé de recherche au CNRS (UMR 5189, HiSoMA), co-responsable de la fouille du secteur 7 avec Claire Somaglino (Maître de conférences Paris Sorbonne).
Plus d’informations sur le carnet de recherche de la mission. Lire également l'article du BIFAO 115 : Plinthine et la Maréotide pharaonique.