Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

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AnIsl045_art_12.pdf (2.4 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
12 p.
gratuit - free of charge
Une nouvelle lettre de Qurra b. Šarīk. P.Sorb. inv. 2345.

L’article présente une édition et une analyse d’une nouvelle lettre de la chancellerie du bien connu gouverneur Qurra b. Šarīk (en fonction 90-96/709-714). Qurra réprimande le destinataire, Basile, pagarque d’Išqūh/Aphrodito pour avoir retardé l’envoi de l’argent des taxes et des prélèvements extraordinaires ; il lui demande d’envoyer ce qui est dû. Le gouverneur s’exprime avec la langue « musclée » dont il est coutumier dans la correspondance, mais on trouve aussi quelques phrases jusqu’alors inusitées.

Mots-clés : papyrologie arabe – fiscalité – Qurra b. Šarīk – Išqūh/Aphrodito.

This article presents an edition and analysis of a new letter from the chancellery of the well-known governor of Egypt Qurra b. Šarīk (in office 90-96/709-714). Qurra reprimands the recipient, the pagarch Basilius of Išqūh /Aphrodito, of having delayed the sending of money taxes and extraordinary levies urging him to send what is due. The governor uses the kind of strong language and expressions that are familiar from his correspondence, but also contains some unique phrases.

Keywords : Arabic papyrology – taxes – Qurra b. Šarīk – Išqūh/Aphrodito.


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AnIsl045_art_11.pdf (2.2 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
12 p.
gratuit - free of charge
L’intriguant « carré dans le cercle ». Un exemple de diffusion d’un type monétaire dans le monde musulman du XIIIe siècle.

Le motif du carré dans le cercle, combiné à l’écriture naskhi, était la signature, immédiatement reconnaissable, des souverains almohades sur leurs monnaies. Il s’agit dans cette étude de suivre la diffusion et l’imitation depuis la péninsule Ibérique vers les provinces les plus orientales du monde musulman de ce type monétaire bien particulier. Après nous être penchée sur les étapes successives de l’adoption de ce type dans le Proche-Orient ayyoubide et sur les motivations, économiques et politiques, qui ont pu y présider, nous abordons l’imitation de ce même type par les souverains ghurides d’Afghanistan puis par les sultans de Dehli.

Mots-clés : monnaies musulmanes – type monétaire – imitation – Almohades – Ayyoubides – Ghurides

The motif of a square within a circle, together with the naskhi script, used to be the unambiguous signature of the money of the Almohads. In this study, we traced the spread, from al-Andalus towards Far East, of this particular monetary type and its successive imitations. Initially imitated for economic and political reasons in the Ayyūbid Near East, the square in the circle type was widely adopted as far as Afghanistan and India under the rule of the Ghūrids and Sultans of Dehli.

Keywords : Islamic coins – monetary types – imitation – Almohads – Ayyūbids – Ghūrids


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AnIsl045_art_10.pdf (0.65 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
30 p.
gratuit - free of charge
Les « premiers » cadis de Fusṭāṭ et les dynamiques régionales de l’innovation judiciaire (750-833).

Cet article entreprend de retracer les innovations judiciaires qui eurent lieu en Égypte au premier âge abbasside, à travers une étude des cadis connus pour avoir été les premiers à adopter une pratique donnée. Dans la seconde moitié du IIᵉ/VIIIᵉ siècle, le rayonnement du milieu juridique égyptien – attaché de manière critique à l’école médinoise – se manifesta jusqu’à la cour abbasside, qui construisit en partie sa centralité par assimilation de modèles provinciaux. L’attraction à Bagdad de plusieurs juristes ou cadis égyptiens provoqua en retour, à Fusṭāṭ, l’adoption de nouvelles pratiques judiciaires vraisemblablement inspirées par des modèles iraqiens. La centralisation de la judicature par al-Manṣūr et ses successeurs, qui envoyèrent en Égypte une série de cadis formés en Iraq, accentua encore l’influence des pra-tiques iraqiennes sur le tribunal de Fusṭāṭ. Paradoxalement, l’affirmation de l’autorité centrale sur la judicature égyptienne mit également en branle une dynamique d’innovations provinciales : la désignation à Fusṭāṭ de cadis non-égyptiens provoqua une réorganisation de l’appareil judiciaire au tournant du IIIᵉ/IXᵉ siècle, notamment par la création de nouveaux réseaux et la mise en place d’un corps de témoins professionnels dont l’usage était destiné à contaminer d’autres provinces du califat.

Mots-clés : cadis – régionalisme – innovations – Égypte – Iraq – maḏhab-s – tribunaux – témoins – califat abbasside

This article recounts the judicial innovations that developed in Egypt during the early Abbasid caliphate, through an analysis of qāḍī-s who were the first to adopt a legal practice. The Egyptian legal milieu, which was critically committed to the Medinese school, had some influence in the middle of the 2nd/8th century as far as the Abbasid court, which developed its centrality in part through assimilating provincial models. In return, the attraction of sev-eral prominent Egyptian jurists or qāḍī-s to Bagdad caused the adoption, in Fusṭāṭ, of new judicial practices inspired by Iraqi models. Centralisation of the judiciary under al-Manṣūr and his successors, who sent to Egypt a series of qāḍī-s trained in Iraq, further increased the influence of Iraqi practices at the court of Fusṭāṭ. Paradoxically, the reinforcement of central authority on the Egyptian judiciary also set in motion a dynamic of local innovations : the apointment in Fusṭāṭ of non-Egyptian qāḍī-s caused a reorganisation of the court system at the turn of the 3rd/9th century, in particular through the creation of new networks and the setting up of a body of professional witnesses, an institution which later spread to other provinces of the caliphate.

Keywords : qāḍī-s – regionalism – innovations – Egypt – Iraq – maḏhab-s – courts – witnesses – Abbasid caliphate

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AnIsl045_art_09.pdf (0.61 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
22 p.
gratuit - free of charge
Comment les Aghlabides ont décidé de conquérir la Sicile…

Al-Mālikī dans son Riyāḍ al-nufūs explique la décision aghlabide qui débouche sur la conquête de la Sicile en 827 dans des termes surprenants. Non seulement parce qu’il n’atténue en rien l’autonomie de cette décision par rapport à Bagdad, mais aussi parce qu’il met en exergue une série d’innovations à la fois dans le processus de prise de décision lui-même et dans la mise en œuvre de cette dernière. Ainsi, l’émir s’appuie-t-il sur l’avis d’une assemblée ad hoc, ou plutôt d’un de ses membres, pour rompre la trêve qui le liait à la Sicile. En outre, Asad b. al-Furāt, le qāḍī qui avance cette position, est placé à la tête des troupes de la conquête avec le titre de qāḍī-amīr. Ces innovations visent à asseoir sur des bases plus fermes la légitimité ébranlée de la dynastie ifrīqiyenne, mais elles soulignent également l’inventivité permanente qui caractérise les ensembles régionaux autonomes au sein de l’empire islamique dans le domaine politique.

Mots-clés : Sicile – conquêtes islamiques – dynastie aghlabide – qāḍī – prise de décision politique

Al-Mālikī, in his Riyāḍ al-nufūs, explains the Aghlabid decision to conquer Sicily in 827 in a rather surprising way. Not only because he does not pretend to veil the autonomy of this decision, but also because he stresses a series of innovations both in the decision-making process itself and in the realization of this decision to invade, in order to put an end to the truce which existed between Ifrīqiya and Sicily. The emir avails himself of an ad hoc assem-bly’s opinion. Moreover, Asad b. al-Furāt, the qāḍī who argues in favor of this position, is designated as the commander of the conquering troops with the title of qāḍī-amīr. These innovations aim to give a firmer basis to the weakened legitimacy of the Ifrīqiyan dynasty, but they also underline the ongoing inventivity in relation to the political sphere which char-acterizes autonomous regional entities within the Islamic empire.

Keywords : Sicily – Islamic conquests – Aghlabid dynasty – qāḍī – decision-making


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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
22 p.
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L’histoire topographique un genre littéraire spécifique aux lettrés égyptiens IIIe/IXe-IXe/XVe siècle.

Cet article entreprend d’étudier l’innovation des lettrés égyptiens médiévaux en matière d’histoire topographique. Écrire l’histoire des villes musulmanes est l’un des thèmes de pré-dilection des auteurs musulmans médiévaux, comme le montre le nombre imposant d’ouvrages dont le titre se focalise sur l’histoire de la ville. Cependant, on remarque une in-novation égyptienne très prononcée en la matière, innovation due essentiellement à la longévité politique de la capitale égyptienne au Moyen Âge (Fusṭāṭ-Le Caire), phénomène unique au sein du dār al-islām. Les historiens musulmans d’Égypte, d’Ibn ʿAbd al-Ḥakam (IIIᵉ/IXᵉ siècle) à al-Maqrīzī (IXᵉ/XVᵉ siècle) se sont attachés à décrire l’histoire de Fusṭāṭ et du Caire dans une perspective topographique et urbaine. Leur méthode consistait en une description de la ville dans le passé recourant aux ouvrages de ḫiṭaṭ antérieurs et en une observation directe sur le terrain visant à rendre compte de l’état contemporain des monuments et quartiers. Les différentes crises qui ont affecté la capitale égyptienne semblent être la motivation principale du chef d’œuvre du genre, les Ḫiṭaṭ d’al-Maqrīzī, qui représente en quelque sorte une fouille de sauvetage avant que la ruine n’emporte les vestiges du passé.

Mots-clés : Ḫiṭaṭ – genre littéraire – Fusṭāṭ – Le Caire – Égypte – topographie – al-Maqrīzī – crise – ruine

This article undertakes to study the innovations of medieval Egyptian scholars in the field of topographical history. Writing the history of Islamic cities is one of the favorite themes of medieval Muslim scholars, as shown by the impressive number of works focused on this topic. It is possible, however, to note significant Egyptian innovations in this field, possibly related to the political longevity of the Egyptian capital throughout the Middle Ages (Fusṭāṭ-Cairo), a unique phenomenon in the history of the Islamic world. Muslim histo-rians of Egypt, from Ibn ʿAbd al-Ḥakam (3th/9th century) to al-Maqrīzī (9th/15th centu-ry), were fond of describing the history of Fusṭāṭ and Cairo from a topographical and urban perspective. Their method consisted both in a description of the city as it was in the past, relying on previous books of ḫiṭaṭ, and direct observations of the present state of the monu-ments and quarters of the city. The multiple crises which affected the Egyptian capital may have been the chief motivation lying behind the writing of the masterpiece of the genre, the Ḫiṭaṭ of al-Maqrīzī, which can be compared to a rescue excavation of the vestiges of the past before their final destruction.

Keywords : Ḫiṭaṭ– Literary genre – Fusṭāṭ – Cairo – Egypt – topography – al-Maqrīzī – crisis – ruin

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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
26 p.
gratuit - free of charge
Abū Isḥāq al-Šīrāzī and Ibn al‑Ṣabbāġ and the Advantages of Teaching at a Madrasa.

Abū Ishāq al-Šīrāzī (d. 476/1083) and Ibn al-Ṣabbāġ (d. 477/1084) were the first two professors of law at the Niẓāmīya madrasa in Baghdad. Contemporaries judged them intel-lectually equal or that Ibn al-Ṣabbāġ was slightly superior. Nevertheless, Abū Isḥāq became far more important to the Šāfiʿi school of law, his books far more widely read. Based primar-ily upon biographical dictionaries, this study of their lives concludes with lists of their students and a chart showing the spread of one of Abū Isḥāq’s books. The reason for Abū Isḥāq’s greater posthumous renown appears to be that, because he taught for far longer at the Niẓāmīya (sixteen years as opposed to one), which offered stipends to students as well as to professors, far more were able to study under him. In particular, provincials came to study under him, then spread his books in their homelands. Thus it was advantageous for one’s posthumous fame to teach at a madrasa, not a mosque ; thus the madrasa reinforced the tendency of Islamic law to bind metropole and provinces ; and thus effects in the prov-inces shaped the school of law as a whole. The eclipse of Baghdad as the centre of Šāfiʿi and Ḥanafi legal writing is also documented from citations in major handbooks.

Keywords : madrasa – Baghdad – Sunni schools of law – Šāfiʿī school – Ḥanafī school

Abū Isḥāq al-Šīrāzī (m. 476/1083) et Ibn al-Ṣabbāġ (m. 477/1084) furent les deux premiers professeurs de droit à la madrasa Niẓāmīya de Bagdad. Leurs contemporains les regardaient comme égaux sur le plan intellectuel, voire considéraient Ibn al-Ṣabbāġ comme légèrement supérieur. Malgré cela, Abū Isḥāq devint plus important pour l’école de droit šāfiʿite, ses livres étant beaucoup plus lus. Reposant avant tout sur des dictionnaires biographiques, cette étude de leur vie se conclut par des listes de leurs étudiants et un tableau illustrant la diffusion d’une des œuvres d’Abū Isḥāq. La meilleure réputation posthume d’Abū Isḥāq semble résulter d’une plus longue période d’enseignement à la Niẓāmīya (seize ans contre une année pour Ibn al-Ṣabbāġ) : dans la mesure où la madrasa offrait des traitements aux étudiants comme aux professeurs, un nombre plus élevé d’étudiants purent suivre ses cours. Des provinciaux vinrent notamment étudier auprès de lui, puis diffusèrent ses livres dans leurs provinces d’origine. Il apparaît ainsi qu’il était avantageux, pour la renommée pos-thume d’un individu, d’enseigner dans une madrasa plutôt que dans une mosquée ordinaire ; que l’institution de la madrasa renforça la tendance du droit islamique à lier la métropole aux provinces ; enfin, que leurs développements provinciaux participèrent à une refonte globale des écoles juridiques. L’éclipse de Bagdad en tant que centre de rédaction de la littérature šāfiʿite et ḥanafite est également documentée à partir de citations tirées des principaux ma-nuels juridiques de ces écoles.

Mots-clés : madrasa – Bagdad – écoles juridiques sunnites – école šāfiʿite – école ḥanafite


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AnIsl045_art_06.pdf (0.45 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
18 p.
gratuit - free of charge
The Formation of Islamic Law. The Egyptian School (750-900).

In the past 20 years, scholars have uncovered a trove of manuscripts in the libraries of Egypt and North Africa that serve as direct witnesses to the legal activity of mid-ninth century Egypt. The quality of this evidence allows us not only to demonstrate that Egypt formed a center of legal scholarship, but also that its scholars did much more than merely elaborate on the works of what Joseph Schacht called the ancient Medinan school ; rather, Egyptians seem to have anticipated developments on other areas of the Islamic world. Early texts attributed to scholars from Iraq are mostly based on late manuscripts that demonstrate significant editing by students ; therefore reconstructions of the early Ḥanafī school remain speculative. In contrast, we can say with great confidence that Egypt’s contribution to ninth-century Islamic jurisprudence was profound, and it may rightfully be called the birthplace of both the Šāfiʿī and Mālikī schools, the two major schools of African Islam. From this foundation, it is possible to re-read historical and other literary sources to suggest that Egypt itself may have been the site of a more sophisticated ancient legal school than Schacht and others have admitted.

Keywords : Islamic law – Egypt – Egyptian – legal schools – jurists – Alexandria – Fusṭāṭ – hadith – legal texts – Arabic manuscripts

De précieux manuscrits découverts ces vingt dernières années dans des bibliothèques d’Égypte et d’Afrique du Nord témoignent directement des activités juridiques qui prirent place en Égypte au milieu du IXe siècle. La qualité de cette documentation permet non seulement de démontrer que l’Égypte constituait un centre de savoir juridique, mais aussi que ses savants ne se contentèrent pas de développer la doctrine de ce que Joseph Schacht appelait l’ancienne école de Médine ; les Égyptiens semblent de fait avoir anticipé les développements qui se produisirent dans d’autres régions du monde musulman. Les anciens textes attribués à des savants iraqiens sont pour la plupart basés sur des manuscrits tardifs témoignant d’un important travail éditorial par leurs étudiants ; c’est pourquoi la reconstruction de l’ancienne école ḥanafite demeure spéculative. En revanche, nous pouvons affirmer en toute confiance que l’Égypte contribua profondément aux développements de la jurisprudence islamique du IXe siècle, et que cette province mérite d’être considérée comme le lieu de naissance des écoles šāfiʿite et mālikite, les deux principales écoles de l’islam africain. Une relecture des sources historiques et littéraires suggère en effet que l’Égypte pourrait avoir été elle-même le berceau d’une ancienne école juridique plus sophistiquée que ce que Schacht ou d’autres spécialistes ont jusqu’ici admis.

Mots-clés : droit musulman – Égypte – égyptien – écoles juridiques – juristes – Alexandrie – Fusṭāṭ – ḥadīṯ – textes juridiques – manuscrits arabes


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Extrait pdf de l’ouvrage :
Annales islamologiques 45
2011 IFAO
22 p.
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Le malikisme et les Omeyyades en al-Andalus. Le droit et l’idéologie du pouvoir.

Dans cet article, l’auteur analyse quelques aspects de la relation entre le malikisme et le pouvoir omeyyade en al-Andalus. Plus spécifiquement, il montre que la conception des origines du malikisme andalou véhiculée par les sources provenant de cette région du monde islamique (et « héritée » par l’historiographie du XIXᵉ et de la première moitié du XXᵉ siècle), selon laquelle le malikisme remplacerait l’awzāʿisme comme l’école juridique dominante en al-Andalus, sert les fins de l’idéologie califale des Omeyyades.

Mots-clés : al-Andalus – malikisme – Omeyyades – califat – idéologie – historiographie – fiqh

In this article, the Author analyses some aspects of the relationship between Malikism and Umayyad political power in al-Andalus. More precisely, he shows that the conception of the origins of the Andalusi Malikism promoted by the sources written in Muslim Spain (and “inherited” by the historiography of the 19th and the first half of the 20th century), according to which Malikism replaced Awzāʿism as the principal school of law in al-Andalus, serves the ends of Umayyad caliphal ideology.

Keywords : al-Andalus – Malikism – Umayyads – caliphate – ideology – historiography – fiqh


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AnIsl045_art_04.pdf (0.53 Mb)
Extrait pdf de l’ouvrage :
Annales islamologiques 45
2011 IFAO
20 p.
gratuit - free of charge
Les dynamiques sociopolitiques entre Grenade et Malaga au ove siècle.

Cette étude aborde le phénomène du polycentrisme dans l’Islam médiéval à travers les relations politiques entre Grenade et Malaga, en prenant pour exemple des événements représentatifs du tumultueux xvᵉ siècle nasride. Si l’on analyse la dynamique sociopolitique existant entre ces deux importants centres urbains sous le règne des Banū Naṣr, on perçoit la tension entre le mouvement centralisateur de la capitale politique nasride et l’émergence de Malaga, sans même parler des autres villes parsemant tout le territoire musulman de la péninsule Ibérique, susceptibles d’être étudiées dans cette même optique. Cette situation permet d’ouvrir le débat sur le degré d’autonomie de Malaga face aux institutions étatiques de Grenade.

Mots-clés : Grenade – Malaga – nasrides – al-Andalus – politique – Islam médiéval

This paper studies polycentrism in medieval Islam by analyzing the political relationships between Granada and Malaga during the tumultuous political events of the 15th century in the Nasrid Kingdom. The analysis of the social-politic dynamics developed between both cities–they were the most important centers of the Banū Naṣr kingdom–, clearly shows the tension produced by the Nasrid capital and its centralizing movement and Malaga’s increasing growth. Even if the study of other cities of the Kingdom would be also desirable, the case of Malaga allows us to open the discussion on its autonomy as opposed to Granada state institutions.

Keywords : Granada – Malaga – Nasrids – al-Andalus – Politics – Medieval Islam


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AnIsl045_art_03.pdf (0.71 Mb)
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Annales islamologiques 45
2011 IFAO
32 p.
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Tāhart et les origines de l’imamat rustumide. Matrice orientale et ancrage local.

La fondation, dans la seconde moitié du IIᵉ/VIIIᵉ siècle, de la ville islamique de Tāhart, située à proximité d’un important centre urbain antique, constitue une étape politique majeure dans l’affirmation de la nébuleuse dite « ḫārijite » au Maghreb. Volontiers présenté comme le symbole d’un âge d’or de l’ibadisme, l’imāmat rustumide de Tāhart est également considéré par certains représentants de l’historiographie postcoloniale comme une préfiguration de la naissance d’une « nation » algérienne. L’idéalisation de l’épisode rustumide a néanmoins une origine bien plus ancienne, puisqu’une mémoire mythique de la ville se mit en place de façon précoce, dès le IIIᵉ/IXᵉ siècle. Disciple de Baṣra devenue – tout du moins dans le discours – l’émule et la rivale de Bagdad, Tāhart offre un cadre propice pour toute réflexion sur la constitution des premières « capitales » régionales de l’Islam, villes actives dans la constitution de réseaux économiques et politiques locaux, et revendiquant une autonomie certaine vis-à-vis du principal centre d’impulsion d’un empire qui se voulait universel. Nous dresserons d’abord un premier panorama des sources disponibles, afin d’y repérer les strates de mémoire constitutives de l’histoire de Tāhart. Nous nous limiterons ensuite aux récits relatifs à la fondation de la ville et aux origines du royaume rustumide, incarné par son premier imām : ʿAbd al-Raḥmān b. Rustum. Tout en repérant les contours d’un imaginaire urbain forgé au contact de modèles rivaux, nous nous pencherons sur la cité en tant qu’espace de représentation et de réalisation de l’imāmat. C’est ainsi que nous tenterons de comprendre comment l’usage d’un argumentaire servant alternativement de support à l’affichage de la matrice orientale du mouvement, ou à la revendication, grâce au registre de la šuʿūbiyya, d’un ancrage local, a permis de construire l’image d’un pôle adverse et inverse du califat ʿabbāsside.

Mots-clés : Maghreb central – ibadisme – Rustumides – Tāhart – récits de fondation – mémoires urbaines – généalogies dynastiques – modèles orientaux

The Islamic city of Tāhart was founded in the second half of the of 2nd/8th century, not far from an important urban center of classical Antiquity. Its foundation can be considered as a major step toward the development of the so-called « khārijī » movement in North Africa. The Rustumī Imāmate, which is often presented as the symbol of an Ibāḍī golden age, is likewise frequently considered by Maghribi postcolonial historiography as a forerunner of an Algerian « nation ». However, this idealization of the Rustumid historical sequence has an earlier origin: the mythical urban memory of Tāhart was established no later than the 3rd/9th c. Following Ibadi sources, Tāhart followed the model of Baṣra to become a rival and a competitor of Bagdad. However ideological and artificial this discourse might be, it provides us with a good setting for reflexion on the establishment of the first regional Islamic « capitals ». Indeed, Tāhart certainly ranks among urban centers which were able to create autonomous local economic and political networks, and to proclaim their independence from an imperial capital, which saw itself as a universal center. Giving a short review of the existing sources, we would like to stress first the successive strata that form Tāhart history. Focusing on the foundation narratives of the town, we will try to understand how contacts with competing models shaped a urban imagery and made Tāhart the stage for the advent of an ideal Imāmate, first protagonized by ˁAbd al-Raḥmān b. Rustum. We will thus demonstrate how the same arguments were alternately instrumentalized as an evidence for the Oriental matrix of the sectarian movement, or as a support for claiming, by the use of šuˁūbī rhetorics, its local roots. This two-faced ideology was however conceived as a single tool for creating an image of Tāhart as the polar opposite of the ʿAbbāsid califate.

Keywords : Central Maghrib – Ibadism – Rustumids – Tāhart – foundation narratives – urban memories – dynastic genealogies – oriental models