Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

L’unification culturelle au IVe millénaire 

un processus d’acculturation

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Responsables : Béatrix Midant-Reynes (spécialiste de l'époque prédynastique, IFAO), Nathalie Buchez (archéologue, INRAP), Yann Tristant (archéologue, Macquarie Univ., Sydney).

Collaborations : doctorants et post-doctorants.

La question de l’unification culturelle au IVe millénaire en Égypte est corrélée à celle de l’émergence de l’État. La vision diffusionniste et unilatérale proposée, au cours des années 1960-1980, par W. Kaiser d’une expansion naqadienne marquée par une phase finale en relation avec l’émergence d’une élite a été réfutée, dans les années 1990, par C. Köhler, qui lui préfère le schéma d’une homogénéisation se développant spontanément et lentement du fait de contacts prolongés entre les communautés nilotiques.

Il importe sans doute aujourd’hui de tendre vers un schéma explicatif à la fois plus global et plus nuancé qui, d’une part, intègre les populations de Basse Égypte à l’analyse et, d’autre part, met en relief les discontinuités et les accélérations significatives. Il importe surtout d’adopter un point de vue ayant valeur heuristique. Considérer l’unification culturelle comme un processus d’acculturation au sens anthropologique du terme consiste à mettre au profit de l’analyse les réflexions et les outils théoriques développés par l’anthropologie sociale et culturelle. Concrètement, il s’agit de tenter d’appréhender ce processus d’acculturation (indices de changement liés à des ajustements, des métissages, des processus d’assimilation ou, au contraire, de rejet et de ré-interprétation) dans tous les domaines sur lesquels l’archéologie a prise :

- en développant les approches amorcées dans certains champs d’étude (la céramique, considérée d’un point de vue morpho-stylistique, industrie lithique, pratiques funéraires) sur la base des découvertes récentes ;

- en ouvrant de nouveaux dossiers comme celui de la technologie céramique, des pratiques agraires, de l’élevage ou de l’architecture ;

- et finalement en confrontant les points de vue.

Le mode architectural pleinement maîtrisé sur le plan technique et la nouvelle forme d’organisation spatiale de l’habitat, qui apparaissent précisément à ce moment-là, suggèrent la nécessité d’un point de vue croisé avec les spécialistes du Levant, ce qui fournira de surcroît l’occasion de réajuster les périodisations des deux régions.

Mieux caractériser les cultures en présence et évaluer leur plus ou moins grande homogénéité au milieu du IVe millénaire imposent aussi de tenter de mettre en évidence les écarts significatifs entre des corpus constitués à différentes échelles et d’encourager des points de vue régionaux, dont celui du nord de la Moyenne Égypte, qui n’est pas l’un des moins importants.

Enfin, si la structure sociale et politique de l’entité naqadienne au milieu du IVe millénaire a fait l’objet de nombreuses études, il importe aussi aujourd’hui de faire le point sur ce que l’on peut dire de la structure sociale et politique de l’entité constituée par la Basse Égypte à travers les découvertes récentes.

L’ambition est, par la confrontation de ces points de vue lors de séminaires et de tables rondes, de cerner de façon plus précise les contacts entre Haute et Basse Égypte dans la seconde moitié du IVe millénaire, ainsi que les critères politiques, culturels et sociaux qui définissent cette situation d’acculturation.

Actions prévues : séminaires et tables rondes.

Bibliographie sélective :

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Cultural unification in the 4th millennium

a process of acculturation

Supervisors: Béatrix Midant-Reynes (predynastic specialist, IFAO), Nathalie Buchez (archaeologist, INRAP), Yann Tristant (archaeologist, Macquarie Univ., Sydney).

Collaborators: doctoral and post-doctoral students.

The issue of cultural unification of Egypt in the 4th millennium is correlated to that of the emergence of the State. The diffusionist and unilateral view proposed throughout 1960-1980 by Werner Kaiser of a Naqadian expansion marked by a final phase resulting in the emergence of an elite has been refuted in the 1990s. C. Köhler prefers the notion of a slow and spontaneous homogenisation as a result of prolonged contacts between the Nilotic communities.

IIt would seem important today to tend towards a more global and more nuanced explanatory schema, which, on the one hand, includes the populations of Lower Egypt in the analysis and, on the other, emphasises the significant discontinuities and accelerations. It is, above all, important to adopt a viewpoint of heuristic value. To consider the cultural unification as a process of acculturation in the anthropological sense of the term involves taking analytical advantage of the theoretical tools and reflections developed by social and cultural anthropology. More specifically, this means trying to understand this process of acculturation (signs of change linked to adjustments, intermingling, processes of assimilation or, on the contrary, of rejection and of reinterpretation) within all the domains in which archaeology acts:

- by developing approaches beginning in certain fields of study (ceramics, seen from morpho-stylistic point of view, lithic industries, funerary practices) on the basis of recent discoveries;

- by opening new avenues of research such as ceramic technology, agrarian practices, stock-breeding and architecture;

- and lastly by comparing points of view.

The technically mastered style of architecture and the new form of spatial organisation of housing that appear at exactly this moment would suggest the need for a cross-referencing of views with specialists of the Levant. This would, moreover, provide an opportunity to readjust the periodisation of the two regions.

A better recognition of the cultures present and an evaluation of their greater or lesser homogeneity in the middle of the 4th millennium will also require an attempt at show the significant differences between the compiled corpora on different levels and the need to emphasise regional viewpoints, and that of north of Middle Egypt should not be discounted.

Lastly, while numerous studies have looked at the social and political structure of the Naqadian entity in the mid-4th millennium, it is today also worthwhile reviewing, through recent discoveries, what can be said about the social and political structure of the entity that was Lower Egypt.

Through comparing points of view in seminars and round tables, the aim is to discern, in the most precise way, what were the contacts between Upper and Lower Egypt in the second half of the 4th millennium and what are the political, cultural and social criteria that define this operation of acculturation.

Planned activities: seminars and round tables.

Selected bibliography: