Institut français
d’archéologie orientale du Caire

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Extrait pdf de l’ouvrage :
Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale 116
2017 IFAO
26 p.
gratuit - free of charge
Consommation et proscription du miel en Égypte ancienne. Quand bj.t devient bw.t

À l’instar d’autres civilisations antiques, l’Égypte pharaonique associa très tôt l’alimentation à certaines pratiques rituelles et croyances mythologiques, tant à travers les traités médicaux, les textes funéraires que dans les encyclopédies géographiques et sacerdotales. Dans cette problématique, cet article s’intéresse au concept caractéristique de la bw.t alimentaire d’après un exemple – semble-t-il unique – de proscription touchant la consommation du miel. S’attachant à définir l’origine de cet interdit spécifique, cette étude a également pour objectif de comprendre son rôle et ses implications dans la vie quotidienne des Égyptiens.

Ainsi, cité au côté du poisson-iténou dans la grande encyclopédie de la VIe province de Haute Égypte à Dendara, l’acte de « manger du miel » apparaît comme prohibé dans le nome tentyrite et acquiert dès lors une dimension théologique négative pour l’homme qui en consommerait. Faut-il y voir un lien avec Hathor, maîtresse des lieux, et issue des larmes de Rê comme le sont les abeilles produisant cet édulcorant indispensable ? Le fait d’interdire une denrée aussi présente dans l’alimentation et dans la médecine égyptiennes peut-il n’avoir qu’une valeur théologique, sans dissimuler une justification économique, sociale, ou éventuellement liée au cycle des saisons ? Autant de questions auxquelles cet article tente d’apporter quelques éléments de réponse, en croisant notamment les données issues des calendriers des jours fastes et néfastes, des textes ptolémaïques et des ménologes arabes et coptes.

Like other ancient civilizations, Pharaonic Egypt associated food with some ritual practices and mythological beliefs, through medical treatises as well as funerary texts and geographical and sacerdotal encyclopaedia. Dealing with this issue, the present paper focuses on the characteristic concept of alimentary bw.t from the seemingly unique example of the proscription of honey consumption. The aim of this study is to define the origin of this specific prohibition and to understand its role and its implications in the daily life of the Egyptians.

Mentioned next to the itenu-fish in the great encyclopaedia of the VIth Upper Egyptian Province at Dendara, the act of “eating honey” appears to be prohibited in the tentyrite nome and thus acquires a negative theological dimension for anyone who consumes it. Should we see a connection with Hathor, the local deitie, born from the tears of Re like the bees producing this essential sweetener? Can banning a ­commodity which is so present in Egyptian food and medicine be just of theological value without disguising any economic, social or even seasonal justification? These are some of the questions on which this paper attempts to provide some clues, especially thanks to cross-references between calendars of the lucky and unlucky days, Ptolemaic texts and Arabic and Coptic menologia.