Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

Catalogue des publications


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AnIsl047_art_03.pdf (1.2 Mb)
Extrait pdf de l’ouvrage :
Annales islamologiques 47
2014 IFAO
21 p.
gratuit - free of charge
Family Matters: The “Family-In-Law Impulse” in Mamluk Marriage Policy

Le débat qui divise les chercheurs sur la question du mode de succession au sein du sultanat mamelouk d’Égypte et de Syrie (1250-1517) est ancien et très controversé. Le présent article entend y contribuer en proposant une nouvelle perspective, celle de “l’appel à la belle-famille”. En étudiant empiriquement la politique de mariage menée entre 784/1382 et 872/1467 par les sultans mamelouks (de Barqūq à Ḫušqadam) – avec qui se mariaient-ils ? –, l’enquête suggère que bien que n’ayant aucun lien de parenté entre eux, ces sultans étaient néanmoins liés par le mariage. L’article entreprend ensuite d’interpréter cette observation, en analysant les significations possibles de ces liens de mariage. L’argument qui prime est que ces liens matrimoniaux représentent une des nombreuses stratégies visant à la reproduction sociale : en épousant une personne issue de la famille de leur prédécesseur, les nouveaux sultans, entre 1382 et 1467, épousaient en fait un capital symbolique. Ils établissaient de la sorte un lien et une parenté de belle-famille avec leur prédecesseur. En reconstituant ainsi le rôle des femmes mameloukes et des liens matrimoniaux au sein du processus de succession, deux des paradigmes dominants au sein des études mameloukes sont remis en question: la division de l’espace politique selon le sexe et le fondement servile de l’État mamelouk.

Mots-clés : Femmes mameloukes et capacité d’action politique – sultans circassiens – stratégies matrimoniales – mode de succession sultanienne – Impulsion dynastique, de famille étendue et de belle-famille – division de l’espace selon le sexe – fondement servile de l’État mamelouk

The academic debate on the ideas and practices that organized succession to the sultanate of Mamluk Egypt and Syria (1250-1517) is long-standing and vexed. This article adds to this debate by bringing in a novel perspective: the “Family-In-Law Impulse.” First, an empirical identification of whom Mamluk sultans between Barqūq (784 AH/1382 CE) and Ḫušqadam (872 AH/1467 CE) married is presented, suggesting that many of these unrelated sultans were connected nonetheless through marriage. The hermeneutics of this observation are then dealt with, by reviewing the possibilities of what these marital ties might mean. It is argued that they reflect one of many strategies aiming at social reproduction: by marrying into their predecessor’s family, new sultans between 1382 and 1467 married into symbolic capital first and foremost, thus obtaining an “in-law tie” and “in-law pedigree” to a predecessor. By thus reconsidering the role of Mamluk ladies and of marital ties within the Mamluk mode of succession, two dominant paradigms of Mamluk studies are simultaneously challenged: gendered political space and the Mamluk slave state.

Keywords: Mamluk women and political agency – Circassian sultans – marriage strategies – mode of sultanic succession – Dynastic, Extended Family and Family-In-Law Impulse – public/male and private/female gendered space – Mamluk slave state