Institut français
d’archéologie orientale du Caire

IFAO

Catalogue des publications


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AnIsl043_art_11.pdf (0.79 Mb)
Extrait pdf de l’ouvrage :
Annales islamologiques 43
2009 IFAO
30 p.
gratuit - free of charge
Pratiques et représentations dans le fait militaire au Moyen Âge. L’exemple de l’archerie en terre d’islam.

Cet article traite de l’importance de l’archerie en terre d’islam au Moyen Âge dans les pratiques militaires comme dans tous les autres domaines de la société. Ce qui relève de l’organisation sociale et des cadres mentaux est distingué de ce qui dépend exclusivement du déterminisme technique. Pour cela, je me suis appliquée à réfléchir sur la notion de « système bloqué » (Bertrand Gilles) et à sa validité pour le domaine arabo-musulman. Nous verrons comment certaines permanences, dans le domaine précis de l’armement, résultent de choix conscients et ne sont pas subies comme on peut le lire trop souvent.

Des questions touchant à des notions cruciales comme l’emprunt technique et le transfert technologique sont remises en perspective sur le long terme, de l’hégire à la conquête ottomane. Deux exemples sont particulièrement pertinents pour mener à bien notre démonstration – l’arbalète et l’arme à feu portative. La première ne semble avoir occupé qu’une place de second plan dans le domaine militaire. La non-assimilation de la seconde est souvent incriminée dans la chute du sultanat mamelouk qui n’aurait pas pu ou pas voulu l’adopter : les freins auraient été d’origine économique, sociale et psychologique. Mettre en avant cette forme d’atavisme revient à nier la notion de choix de ces groupes sociaux. Or c’est bien en termes de souplesse d’utilisation sur le champ de bataille et de principe de combinaison des forces que les choses se posent et non en termes de caractéristiques techniques seules. Armes à feu et arbalète se sont révélées inefficaces contre des archers extrêmement mobiles sur le champ de bataille.

Mots clés : histoire des techniques – archerie – arbalète – artillerie à poudre – représentations.

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This paper looks into the importance of archery in Muslim lands during the Middle Ages in military practices as well as in other activities. It will set apart the elements regarding the social organization and the mental framework, from those coming solely from the technological determinism. We therefore borrowed the key concept of a «deadlocked system» (Bertrand Gilles), in order to determine its relevance for our study. We will examine how some continuity in the armament comes from conscious decisions, far from being passively accepted as it is too often asserted.This leads to reexamine in a wider timescale, from the Hegira to the Ottoman conquest, some critical notions like technical borrowing and technology transfer. We deemed two cases particularly relevant to our study, the crossbow and the portable firearm. The first seems to have been put to a secondary rank in the military field, its use being restricted to siege warfare. The failure or the unwillingness to adopt the second is often seen as a key factor in the fall of the Mamluk sultanate: economic, social and psychological factors would have played a role here. Putting forward this kind of atavism is to deny these social groups their ability to make a choice. In the case of these weapons, their versatility of use on the battlefield and the principle of combined forces must be considered too, and not only their technical specifications. Firearms and crossbows proved themselves to be inefficient in the battlefield when confronted by a very mobile force of archers.

Keywords: history of techniques – archery – crossbow – firearms – representations.